Claude Lelouch, un réalisateur très prolifique !!

En cette période du Festival de Cannes, j’ai voulu, à ma manière retracer la biographie d’un réalisateur dont les films ont souvent faits l’objet de nombreuses compétitions au Festival de Cannes justement, j’ai nomme le grand Claude Lelouch.
De plus, mon passage à la Cinémathèque Française aussi récemment pour la projection du film « L’aventure c’est l’aventure » ( 1972), en sa présence et où il a été interviewé , m’a donné une irrépressible envie de retracer aussi ainsi, sa filmographie longue de 51 longs métrages ( le dernier en date vient de sortir et s’intitule «Finalement » sorti en 2024, un peu comme …finalement un aboutissement de sa très longue et riche carrière cinématographique.
En effet, au cours de son interview, j’y ai découvert un homme à la fois attachant, sympathique et même tout a fait solaire.
Cette filmographie, je la ferai, vous l’avez bien compris, à ma manière, à partir des informations que j’ai pu recueillir durant cet interview mais bien sur non exhaustive, comme d’ habitude, tant elle est riche !
Je reprendrai essentiellement les films « phares » de sa très longue carrière ou ceux qui l’ont jalonnés
Alors prêt pour un univers riche en couleurs !!
Il dit commencer son amour pour le cinéma grâce à son père, artiste de métier et qui lui a donné même une petite caméra mais aussi, il suit sa mère dans les cinémas, petit, durant l’occupation car, juif d’origine, sa mère et lui se sentaient protégés car dit il « c’était le seul lieu où les Allemands n’allaient pas les chercher »
Son amour pour le cinéma et son goût pour la réalisation il va le débusquer précisément en Russie soviétique en 1958 où il va partir pour faire notamment des essais de caméra et où il y découvre le réalisateur Russe Mikhaïl Kalatozov (il réalisa notamment « Quand passent les cigognes » primé en 1958 de la palme d’or à Cannes. Il y découvre notamment dans ce film la magistralité de ses plans et lui donne l’envie de faire comme lui !
Son cinéma va s’inspirer aussi d’un homme qu’il admire en tant que cinéaste, Henri Clouzot.
Ses débuts en tant que réalisateur :
Ceci dit son début de parcours n’est pas des plus faciles puisqu’il va connaitre véritablement le succès qu’à partir de son 6ème long métrage bien connu : « Un homme et une femme » en 1966
Et quand on lui dit pourquoi n a-t-il pas pensé à arrêter après 6 années d’échec, il répond : « c’est parce qu’il a entendu la partie irrationnelle de son cerveau qui lui dictait de continuer » comme quoi il faut jamais lâcher !!
Tout d’abord, après avoir tourné plusieurs courts métrages dans le cadre du service cinématographique des armées en 1960, il commence ainsi à réaliser son premier film la même année intitulé « Le propre de l’homme » qui, il le reconnaît lui-même, contient plein d’erreurs, ce qui fait dire au célèbre journal de cinéma, les Cahiers du cinéma : « Claude Lelouch, retenez son nom car vous n’entendrez jamais plus parler de lui » …. No comment !!
Il ne se laisse pas décourager pour autant (et il a bien raison d’ailleurs !) et il fonde même sa propre société de production qui s’intitulera : Les films 13.
Il finance, néanmoins ses projets en réalisant des scopitones en 1962-63, l’ancêtre du clip.
Il met ainsi des images sur des chansons de l’époque notamment de Sheila, Claude François, Dalida, Les Chats sauvages, Johnny Hallyday…
Il enchaîne avec un nouveau film en 1962 plus abouti, « l’amour avec des si », film imaginatif et enlevé qui ne rencontre ceci dit toujours pas son public puis un film de « copains » en 1964 qui, lui, commence à rencontrer ses premiers publics mais c’est surtout en 1966 donc, avec « Un homme et une femme » qu’il rencontre son premier vrai succès commercial et critique, auréolé même d’une palme d’or à Cannes .
Il reçoit également l’Oscar du meilleur film étranger en 1967, étrangement par ses idoles de jeunesse qu’il vénérait, Fred Astaire et Ginger Rogers pour la catégorie, meilleur film étranger.
C’est un film pourtant qu’il a écrit en deux heures seulement dans des conditions personnelles où il n’allait pas bien, lors de la rencontre d’une femme sur une plage à Deauville. Il a tourné et monté ce film également en 3 semaines seulement à travers.
Il s’agit d’une histoire simple, celle de la rencontre de deux veufs inconsolables interprétés d’une part par Jean-Louis Trintignant et de l’autre par Anouk Aymé, qui se croisent se rencontrent et finissent par tomber éperdument amoureux, en somme une histoire d’amour comme on en rencontre dans la vie. Ce film est notamment connu pour sa chanson « Chabadabada » et la rencontre sur la plage de Deauville.
Ce succès lui donne « le vent en poupe » et il enchaîne en 1969, après avoir filmé, un couple en construction, il fait tourner Annie Girardot et Jean-Paul Belmondo (qu’il retrouvera à de nombreuses reprises) dans « Un homme qui me plait » qui narre, une fois encore, l’histoire d’une rencontre entre une actrice et un compositeur qui, l’instant d’une parenthèse « enchantée », vont vivre une histoire d’amour sur un tournage aux États-Unis
Les années 70 :
C’est durant les années 70 qu’il va le plus rencontrer son succès public
Il réalise au passage « Le voyou » en 1970 avec Jean-Louis Trintignant qui donne la réplique au grand Charles Denner qui fera dire à notre réalisateur qu’il « jouait les scènes comme sa vie »
Venant on donc à notre film évoqué ci-dessus : « L’aventure c’est l’aventure » donc, qu’il a voulu filmer dans un contexte post Mai 68, une période où les affrontements idéologiques étaient à leurs paroxismes, c’est ce qu’il a voulu filmer à travers un casting d’acteurs époustouflants, une bande d’amis (Lino Ventura, Jacques Brel, Charles Denner, Charles Gérard et Aldo Maccione) une bande de voyous qui , profitant de la confusion politique de l’époque et qui se moquent de tout , profitent précisément de la politique pour se faire de l’argent en réalisant de nombreux vols a mains armés , un film qui deviendra culte, connu notamment aussi pour la chanson du film interprété par un jeune Johnny Halliday.
Prenant plaisir à faire jouer Lino Ventura, il le retrouvera l’année suivante en 1973 pour ……. « La bonne année » justement qui narre l’histoire de La rencontre improbable entre un truand macho, généreux et peu cultivé, et une intellectuelle très romantique et surtout très libérée, interprétée par Françoise Fabian, une actrice et amie dans la vie qu’il retrouvera aussi à de nombreuses reprises !!
En 1975, il retrouve Michèle Morgan et Serge Reggiani pour « Le chat et la souris », connu pour un fou rire de Michèle Morgan qui trouve un clou dans un gâteau !!
En 1978, il découvre un talent du nom de Jacques Villeret avec Charles Denner autour du film « Robert et Robert » qui raconte l’histoire de la rencontre entre deux célibataires endurcis, l’un de 27 ans et l’autre de 48 ans qui recherchent l’amour à travers une agence matrimoniale et qui vont finir par être les meilleurs amis . Film qui permettra à Jacques Villeret d’obtenir son premier César.
Les années 80 : les années de la consécration ?!
En 1981, il renoue avec le succès public avec «Les Uns et les autres » qui retrace l’histoire de trois générations unies par l’amour de la musique et de la danse, de l’entre-deux-guerres aux années 1980, dans quatre pays : France, Allemagne, Russie, États-Unis. Les quatre histoires se rejoignent dans la scène finale, un concert à Paris. Film une fois de plus qui fait l’objet d’une compétition au festival de Cannes
Mais c’est surtout en 1987, avec « Itinéraire d’un enfant gâté » où il retrouve à nouveau Jean Paul Belmondo qui va lui faire obtenir la reconnaissance critique à travers un César qui narre l’histoire du parcours d’un homme , ancien trapéziste, devenu chef d’entreprise qui las de sa vie décide de se faire passer pour mort en s’inventant une nouvelle vie en Afrique. Il y rencontre un jeune barman , interprété par Richard Anconina, mais son passé va le rattraper. ( notre réalisateur avouera s’inspirer un peu de sa propre vie)
Les années 90
Il réalise en 1993 « Tout ça pour ça », s’interrogeant toujours et encore sur les relations hommes/ femmes, notamment avec un jeu d’adultère entre deux couples interprétés notamment pour les hommes par Fabrice Lucchini et Pierre Arditi.
En 1995, il adapte librement « Les « Misérables » de Victor Hugo avec une pléiade d’acteurs connus : Jean-Paul Belmondo, Michel Boujenah , Clémentine Célarié et Annie Girardot notamment , une sorte de fresque des misérables, rapportée au 20 ème siècle
Années 200 : la traversée du désert :
Dans les années 2000, il le dit si bien lui-même :« Je vais connaître une vraie traversée du désert. Mes derniers films ont désorienté mon public. Et si le vrai coupable c’était moi ?? »
On retiendra quand même, en 2007, un film policier, une fois n’est pas coutume : « Roman de gare » , interprété notamment par Fanny Ardant et Dominique Pinon.
Années 2010 :
En 2014, il réalise une comédie dramatique « Salaud on t’aime » dont le « salaud » en question est interprété par un certain Johnny Halliday au côté de son comparse Eddy Mitchell notamment.
En 2015, il fait jouer Jean Dujardin dans « Un + Une », (film commenté ici même sur ce blog !) qui se déroule en Inde : ’une rencontre entre un compositeur de musique de films et l’épouse de l’ambassadeur de France, jouée par Elsa Zylberstein qui vont vivre par une attirance réciproque une grande histoire d’amour.
Sa vie privée :
Claude Lelouch a maintenant 87 ans, et côté vie privée, il a eu 7 enfants avec 7 femmes différentes !!
Et en conclusion, le style de son cinéma :
A travers son interview, il aime à répéter que son cinéma s’appuie sur une liberté de ton et une spontanéité, comme celui de la nouvelle vague, courant cinématographique qu’il aime à dire qu’il a « flirté » mais pas épousé néanmoins..
Son cinéma est aussi un cinéma d’improvisation, c’est bien là le principal : « la vie m’a inspirée des films »
Après son succès en 1966, il a depuis poursuivi son exploration très personnelle du cinéma, navigant entre succès et échecs tout en demeurant attaché à sa conception d’un cinéma d’auteur populaire.
Sa méthode cinématographique reste inchangée, « tenir lui-même sa camera, déstabiliser les acteurs par un rythme soutenu et l’absence de scénario, afin qu’ils soient le plus naturels possible, un challenge pour les acteurs avec lesquels il a travaillé !!